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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/285

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Aussitôt lui apparut la fée qui lui était promise, mais ce ne fut que pour s’évanouir bien vite après lui avoir jeté ces mots de reproche d’une voix plaintive où perçaient les plus amers regrets : « Oublieux, ton imprudence vient de me replonger à jamais dans le charme dont il n’appartenait qu’à toi de m’affranchir !… »

Quant à l’autre fée, heureuse de ce que son fiancé n’avait point, comme son compagnon, oublié la promesse qu’il lui avait faite, elle s’approcha du jeune pâtre et lui dit d’une voie caressante : « Maintenant que tu as rompu l’enchantement qu’il me fallait subir depuis des siècles, ô mon aimé, je vais être ta femme ; seulement, garde-toi bien de me jamais appeler fée ou folle, car dès cet instant tu me perdrais pour toujours. De plus ne t’effraie point de ce qui se va passer ; il ne t’en saurait arriver malheur. »

À peine la gente fée achevait-elle de parler ainsi, qu’un énorme serpent, surgissant tout à coup de terre, se vint enlacer autour du bâton du pâtre, élevant sa tête pointue jusqu’à la hauteur de la bouche de ce dernier pour lui donner le mystique baiser qui devait à jamais consacrer l’insolite union d’un homme et d’une fée…

Soit parce que sa future épouse l’avait rassuré d’avance, soit parce qu’il était naturellement brave