Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

heur et l’envie de vos voisins, jaloux de n’en point avoir de pareils. »

La réponse des pâtres ne se fit pas longtemps attendre. Eux qui quelques minutes plus tôt enviaient comme un bonheur impossible les inimaginables voluptés que devaient donner les caresses de semblables compagnes, crurent voir s’entr’ouvrir pour eux les portes du ciel en entendant d’aussi séduisantes offres…

« Revenez demain, reprirent les fées, dans ce même pâturage où nous vous avons aperçus pour la première fois ; seulement, ayez grand soin de revenir à jeûn, car sans cela le charme qui nous enchante ne serait point rompu, et vous ne nous pourriez épouser. Au contraire, si vous avez eu soin de ne rien prendre jusqu’à ce que nous soyons unis, nous cesserons d’être fées pour devenir vos femmes réelles. Prenez donc bien garde pour notre bonheur à tous ! »

Le lendemain, nos deux pâtres ne manquèrent pas de se rendre au lieu convenu, heureux de voir approcher le moment d’une union si désirée.

Malheureusement, c’était l’époque où les épis de seigle prennent cette belle teinte d’or, si faite pour séduire les yeux, et l’un d’eux distraitement en saisit un qu’il porta à sa bouche pour savoir si la maturité était proche.