Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/31

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en cherchant à se rapprocher du rivage….. Mais à peine avaient-ils mis quelques brassées entre eux et Limbey qu’ils aperçurent, à quelques pas de lui, rasant la mer avec une effroyable rapidité, un cercle rougeâtre auquel les ombres de la nuit donnaient je ne sais quelle apparence sinistre et fantastique. Peu à peu le cercle se rapprocha jusqu’à devenir distinct, et jugez si leur terreur fut grande à la vue d’une infinité de petites barques montées par des êtres étranges dont la pose avait je ne sais quoi de surnaturel, tandis qu’un atroce sourire crispait leurs lèvres bleuâtres, décolorées comme celles d’un cadavre. En un clin d’œil toutes ces embarcations entourèrent celle de Limbey, et à la lueur des éclairs on vit se dessiner dans l’ombre, pressés comme des grains de poussière chassés par un vent rapide, des êtres ondoyants et difformes aux visages atroces et décharnés, aux membres couleur de soufre, aux têtes crispées d’un rire sanglant ; des démons aux corps noirs et velus, les yeux flamboyants, un rire sardonique sur la bouche ; des nains aux ailes sifflantes et bizarrement découpées, qui tournoyaient, se pressaient, se heurtaient comme des vagues amoncelées, en dardant sur le pauvre Limbey des yeux jaunes et fauves comme ceux d’une louve à laquelle on vient de ravir ses petits. Et tandis que tout cela passait