Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mêlé, confus, rapide, indécis, flottant comme une infernale fantasmagorie, un horrible concert de clameurs sataniques, de cris déchirants, de voix hurlantes, gémissait dans l’air avec les sinistres murmures d’un vent de décembre, à travers les bois desséchés. C’était comme un rêve sans nom, une étrange, affreuse, hybride hallucination, un horrible cauchemar, une illusion terrible. Tantôt il semblait que cet effroyable cercle allât, allât s’agrandissant toujours, roulant, tourbillonnant comme la danse des sorcières allemandes, comme la fronde qui siffle et lance au loin la balle de plomb. Tantôt, au contraire, le mouvement se ralentissait et les yeux des démons, brillants comme des yeux de goule affamée, ressortaient avec un éclat sinistre sur leurs ailes noires et fourchues dont la dentelure seule se découpait sur les nuages.

Parfois enfin le cercle se rompait et la ronde, spirale immense, montait, tournant, tournant toujours, comme le vol circulaire du grand aigle blanc. Puis soudain la troupe, animée d’une joyeuseté de démons, s’abaissait rapide… Un silence planait sur la cohorte infernale. Tout se faisait, pas le plus léger bruit, pas même le frémissement du moindre souffle venant rider les vagues : vous eussiez dit ce repos lugubre qui vous glace la nuit