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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/42

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payer la généreuse hospitalité accordée à son malheur. — Aussi, un jour que Maria était absente de la cabane, il avoua tout à sa mère.

— Il ne me reste maintenant qu’à partir. Heureux, je reviendrai ; mais pauvre, en l’aimant toujours, je continuerai à souffrir loin d’elle, sur une terre étrangère.

Et il était parti l’âme balancée dans les rêves d’un vague espoir.

Maria, seule avec sa pensée, avec ses souvenirs qui s’égrenaient l’un après l’autre dans son cœur comme les perles d’un chapelet, Maria se mit à pleurer.

C’était sa première larme, larme douloureuse, amère, et que pouvait seule essuyer à tout jamais la lèvre ardente de celui qui l’avait fait couler ! Quand elle se releva, sa mère était près d’elle.

— Ma fille, mon bonheur, mon idolâtrie, ne pleure pas, si tu ne veux pas que je pleure aussi moi-même avec toi ; ne pleure pas, va ! je connais ton cœur, je sais tout ce qu’il peut souffrir : quand il est parti, lui, l’espoir animé de tes rêves, il m’a semblé que je voyais partir mon fils ; ma fille, le seul enfant qui me reste maintenant, ne veux-tu pas être la première à me consoler ?

— Mère, j’aurai du courage, de la résignation, de l’espérance même pour que tu ne souffres pas,