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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/41

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deviner l’avenir qu’elle ne comprend pas encore, c’était une sévère et douloureuse pensée de regret… L’étranger avait fui. — Devait-elle le revoir un jour ? elle n’osait plus avoir cette confiance ; son cœur, une fois trompé, refusait de s’ouvrir aux illusions.

Quand elle s’approcha du lit de gazon qu’avaient touché les premiers pas de son bien-aimé, un frisson de mort circula dans ses veines. En proie à une émotion extraordinaire elle se jeta à genoux : — Rendez-le-moi ! s’écria-t-elle, rendez-le-moi, mon bien-aimé, ou s’il m’a quittée pour la patrie des anges, faites-le revenir un moment vers moi, ô mon Dieu ! que je m’envole sur ses ailes !

Car l’étranger était parti… Pourquoi ? la mère de Maria seule le savait. Lui aussi, devant cette jeune fille si belle, il avait senti un trouble soudain monter de son âme à ses yeux ; c’était aussi chez lui la rougeur du premier amour qui venait illuminer son visage. Si pur était le front de Maria quand il se penchait près de lui, si doux étaient ses cheveux quand leurs boucles frémissantes frissonnaient près de ses cheveux, si tendre était son regard quand elle le plongeait dans ses yeux pour y surprendre une pensée amie !… Il l’aimait, mais il était pauvre, mais il ne pouvait lui offrir que la dot de l’infortune, et ce n’était pas avec de la honte qu’il prétendait