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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/44

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semblait en entendre une autre plus puissante encore lui crier bien haut : « N’avance pas !… La vue de ce cadavre serait pour toi la mort. »….

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Malgré tout elle avança ; et que vit-elle, la malheureuse ?… le pâle visage de son bien-aimé crispé par les horribles convulsions du désespoir, tandis que ses mains, labourées de sillons sanglants par les aspérités du roc, attestaient de tous les efforts qu’il avait dû faire pour échapper à quelque naufrage !

Un seul cri, déchirant et rauque, s’échappa de la poitrine de Maria et ce fut tout…..

Quand sa mère effrayée accourut pour la relever elle tourna bien vers elle des yeux hagards et terribles, mais elle ne la reconnut même pas, car la raison s’était à jamais envolée de son âme si douloureusement frappée. Oui, la pauvre enfant était folle !…..

Depuis ce jour chaque promeneur curieux qui s’avance dans la partie la plus retirée des falaises voit passer devant lui, comme une Willi, dans la clairière de quelque forêt allemande, une femme étrange dont le regard immobile et froid fige le sang dans les veines du plus courageux. Elle est si svelte, si légère, si vaporeuse, si diaphane, dirais-je presque, qu’elle semble une de ces filles de