Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’air célébrées par Ossian. Sa figure, blanche comme du lait, fait un attristant contraste avec ses vêtements, ses cheveux et ses grands yeux noirs, De temps à autre, un horrible sourire, vide d’intelligence, vient crisper ses lèvres et découvrir des dents aussi blanches que celles d’un chien. De temps à autre aussi, par un mouvement brusque, elle rejette en arrière ses cheveux épars dont les longues boucles lui descendent jusqu’à la ceinture et lui servent presque de châle. Son geste alors a je ne sais quoi de terrible. On dirait une hyène en fureur qu’un chasseur imprudent ne craint pas de poursuivre. Parfois enfin elle s’avance au-devant des vagues, y plonge ses longues tresses brunes et prend une joie d’enfant à les en retirer tout à coup pour voir se dérouler, comme de longs chapelets de perles, les gouttelettes d’eau dont elles sont chargées.

Dès qu’une voile blanche surgit à l’horizon, un tremblement convulsif s’empare de tous ses membres et ses joues se colorent graduellement jusqu’à l’éclat de pourpre des jeunes filles. Elle frissonne de la tête aux pieds ; répète d’une voix harmonieuse la seule parole qu’elle ait prononcée depuis le jour fatal : « Reviendra-t-il. » Puis peu à peu son enthousiasme s’éteint, sa pâleur de marbre reparaît ; bientôt enfin elle se cadavérise de nou-