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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/48

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vous avez jamais vu notre héroïne, vous n’avez pu manquer d’être frappé de sa pâleur de marbre et de la rêveuse mélancolie dont son visage était toujours empreint. Tant de tristesse uni à tant de beauté est une chose si rare de nos jours qu’on ne pouvait s’empêcher d’en rechercher curieusement la cause. Que d’efforts n’ont pas été faits pour parvenir à la connaître ! Que de fois n’essaya-t-on pas de corrompre ses domestiques et d’acheter leur silence ! Mais qu’auraient-ils pu dire ? Le secret de cette mélancolie resta toujours pour eux un impénétrable mystère. — La seule chose qu’ils avaient remarquée, c’est que la métamorphose inouïe survenue tout à coup dans le caractère de leur maîtresse, auparavant si folle et si rieuse, datait d’un certain jour où elle quitta subitement Biarritz. Quelle avait été maintenant la cause de ce départ précipité ? c’est ce qu’ils ont toujours ignoré, ce qu’ils ignorent encore sans doute, ce que nous allons commettre, nous, l’indiscrétion de vous dire.

Et d’abord, comme vous le pensez bien, la Fée blonde n’avait pas toujours été riche. Loin de là, on l’avait longtemps connue pauvre, très-pauvre même, alors que sage et vertueuse enfant elle travaillait, nuit et jour, dans sa traditionnelle mansarde de la rue des Noyers, pour nourrir sa vieille