Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mère malade. Mais un soir d’hiver que cette âme déshéritée, qu’on nomme le vent du nord, gémissait de stridents murmures de désolation entre les ais mal joints de la porte, le froid glaça tellement les membres de la pauvre infirme qu’elle s’endormit à jamais dans les bras de la mort.

La Fée blonde ou pour mieux dire Céline — car cette inconstante et capricieuse déité qu’on nomme la Mode ne l’avait pas encore baptisée — resta donc seule au milieu de ce tourbillon immense de Paris, tout rempli d’égoïsme et d’insensibilité, seule, ignorée, sans appuis, sans secours aucuns.

Durant six grands mois elle se mit à piquer un nombre indéfini de faux-cols, se contentant de peu comme Jenny l’ouvrière de très-vertueuse mémoire et n’ayant de passion que pour le plus inoffensif des amants de ce monde, un joyeux et babillard petit serin suspendu à sa fenêtre. Malheureusement hélas ! rien n’est glissant, vous le savez, comme l’étroit sentier de la vertu : l’hiver surtout quand cette mauvaise conseillère qu’on nomme la misère, vient dire à ces pauvres enfants désespérées que ce n’est après tout qu’un vain mot que cet honneur que leurs mères mourantes leur ont tant recommandé….. Tandis qu’elles hésitent, la faim avec sa fièvre et ses convulsions dresse de-