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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/53

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soir que notre belle malade se promenait sur la route de Bayonne nonchalamment bercée dans sa voiture par cette douce et généreuse compagne du poëte qui pense et de la femme qui souffre, la rêverie, elle vit passer à quelques pas d’elle un grand jeune homme blond, dont les traits empreints de je ne sais quelle suave expression poétique la saisirent de ces indicibles et voluptueux frissons précurseurs d’une passion profonde. Et comme l’inconnu montait un de ces agiles arabes qu’une même minute nous montre et nous dérobe, elle donna l’ordre à son cocher de presser ses chevaux. En un instant les généreuses bêtes eurent rejoint l’enfant du désert, qui frémissait de se sentir ainsi dépasser. Son cavalier lui-même, étonné de voir maintenant voler comme une ombre cette même calèche si paisiblement traînée tout à l’heure, détourna machinalement la tête et ne put retenir un cri d’admiration à la vue de la Fée Blonde qu’il n’avait pas bien remarquée d’abord.

À peine s’il venait de la voir, et pourtant il l’aimait déjà ! Mais à vingt ans, vous le savez, on aime vite. L’amour est un éclair passager qui vient illuminer notre âme à travers le prisme des rêves les plus dorés, brille quelques instants d’un éclat fantastique et puis s’éteint. Le cœur semble alors un vrai nid d’oiseaux où gazouillent à qui mieux