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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/55

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Le soir même sa camériste lui remit une délicieuse aquarelle qu’un domestique inconnu venait d’apporter en recommandant bien de ne la donner qu’à madame.

Selon nous, c’était là une précaution bien superflue, car rien en elle n’eût pu paraître suspect à quiconque n’eût pas été témoin de ce qui s’était passé le jour même, sur la route de Biarritz à Bayonne. Que représentait-elle en effet ?… L’Amour perçant d’une flèche le cœur de la Poésie. Pour tout le monde c’eût été là une heureuse idée ; pour la Fée Blonde ce fut bien autre chose, car elle n’eut pas grand’peine à se reconnaître sous les traits de l’Amour et à retrouver dans la belle figure de la Poésie le visage efféminé, les grands yeux bleus et la chevelure d’or de l’inconnu qu’elle aimait déjà…

Comme elle s’oubliait dans la contemplation de cette originale déclaration d’amour où s’harmonisait si bien la délicatesse d’exécution avec celle de la pensée, le comte entra sans être annoncé.

La Fée Blonde ne releva même pas la tête.

— Quel est donc, s’empressa de demander son soupçonneux protecteur, ce dessin qui vous préoccupe au point de ne pas entendre ouvrir cette porte ?