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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/64

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chasse ! que d’ombres chéries, que de souvenirs pieux et sacrés il évoque !… vous l’avez vue, cette étoile immaculée, lorsque dans votre enfance — agenouillé aux pieds de votre mère — vous récitiez tout bas votre prière du soir ; vous l’avez vue lorsque impatient, vous êtes arrivé une heure trop tôt à votre premier rendez-vous d’amour ; et vous l’avez regardée, pendant que fuyait cette heure aux ailes flamboyantes, jusqu’à ce qu’elle soit devenue plus brillante et le ciel plus obscur, et que vous ayez entendu s’éteindre petit à petit dans la mousse le bruit des pas auxquels votre cœur faisait un doux écho. Vous l’avez vue, lorsque après avoir dit un long adieu à tous ceux qui vous aimaient, vous vous êtes trouvé seul sur le vaste océan, errant et isolé, — le ciel sur votre tête, l’onde sous vos pieds, — timide et tremblante, elle est alors sortie des flots et vous a parlé de ceux que vous aviez quittés ; — quel langage humain lui pourrait-on comparer ? Aucun !… il n’en est pas d’aussi éloquent. — Grâce à elle, vous croyez encore avoir sous les yeux ce jardin, ombragé d’aubépines et de lauriers roses, où vous avez passé votre enfance, et ces clématites légères et odorantes sous lesquelles vous jouiez avec cette pauvre petite sœur, si blonde et si rieuse, qui maintenant repose doucettement couchée dans son linceul, sous le grand catalpa