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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/65

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qui lui verse des larmes de fleurs. Elle vous rappelle les jeux et les penchants, les joies et les peines de votre enfance ; — les amitiés et les illusions, les espérances et les craintes de votre jeunesse : — elle vous dit que vous teniez le bonheur et que vous l’avez jetée loin de vous, cette pauvre petite fleur si humble et si douce, — bluet caché parmi les séduisants épis d’or du vaste champ de la vie — pour courir après l’ambition qui vous leurrait de ses brillantes couleurs, comme ce beau fruit du lac Asphaltite, qui, sous son écorce éclatante, ne cache que de la poussière et des cendres.

Oh ! oui l’on ne saurait jamais trop la regarder cette étoile divine, non pas tant encore parce qu’elle porte dans ses sympathiques rayons espoir pour l’avenir, consolation pour le passé, que parce qu’au milieu de tous les bruits et de tous les parfums qui l’entourent, — bruits et parfums qui remontent au ciel, — votre âme, elle aussi, s’envole vers ces sphères infinies où de blancs séraphins ne cessent de chanter ce grand concert de la nature que l’homme, hélas ! peut bien percevoir mais qu’il ne peut entendre ! Là, votre âme, enivrée d’harmonie s’épure et devient meilleure ; et lorsqu’elle retombe sur la terre, au lieu de blasphémer et de maudire, elle n’a qu’un sourire indulgent pour