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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/66

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toutes les faiblesses et pour toutes les défaillances !…

Mais revenons à nos deux amants.

— Vois-tu, dit tout à coup Karl à Thérésa — Karl était le nom du jeune Basque ; — vois-tu, lui dit-il en l’entraînant doucement vers l’unique fenêtre de sa pauvre chambrette ; vois-tu briller le feu de ces diamants dans la voûte du ciel ; comme la nuit est sereine ! Mais si ces flambeaux divins que le Tout-Puissant a suspendus sur nos têtes venaient à s’éteindre, comme elle serait sombre ! et comme on aurait froid et peur dans cette mystérieuse obscurité ! Eh bien ! sombre comme cette nuit serait mon cœur si tes yeux, ces flambeaux de ma vie, venaient à ne plus rayonner sur moi ! Et mon cœur aurait froid comme a froid le voyageur qui passe la nuit dans les gorges humides de nos montagnes, quand on n’y entend plus que le sifflement aigu de la bise dans les bruyères desséchées.

Et Karl, imprimant le premier baiser de son amour sur les lèvres tremblantes de la jeune fille, l’abandonna à ses rêveries.

Le lendemain, quand il partit, un rayon d’espoir illuminait le dernier regard dont il salua sa bien-aimée ; car, lorsqu’il lui avait donné comme souvenir le vieux collier de sa mère, Thérésa lui avait dit :

— À chacun des jours qui me sépareront de toi, mon doux ami, je ferai ma prière à Dieu sur ce