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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/76

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dans les vallées, au bord des sources ; leur écorce s’est resserrée, rabougrie, hérissée comme le pelage d’une louve en furie. Il n’est pas jusqu’aux pauvres mousses, jaunies et pâles, disséminées çà et là comme une lèpre hideuse, qui ne donnent au paysage je ne sais quel aspect lugubre et maladif avec leurs grandes plaques rongées, béantes comme d’affreux ulcères. Tout y a cet air de sombre et résignée mélancolie que la désolation répand sur les objets frappés de sa noire et lamentable empreinte. Le vent lui-même n’y fait point de bruit. On n’y entend que les cris rauques et déchirants de quelques oiseaux de proie, seuls hôtes de cette solitude abandonnée des hommes au-dessus de laquelle ils planent sinistrement comme de grandes mouettes à la surface de l’Océan.

Au dire des anciens du pays, là se déployaient autrefois les murailles d’un puissant château dont les ruines ont depuis longtemps disparu. On l’appelait le Château du Vampire, et voici l’histoire qu’on prétendait s’y rattacher.

Il y a plusieurs siècles, vivait dans cette même contrée une pauvre vieille femme plus que sexagénaire.

Elle avait une fille belle, — belle comme une journée de soleil, — belle comme les anges du paradis, — belle comme sainte Marguerite, sa patronne.