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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/77

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Outre qu’elle était belle, Marguerite était encore une douce et pieuse jeune fille, on ne peut plus attachée à sa pauvre vieille mère qu’elle adorait. Mais toute sage qu’elle était, Marguerite n’en avait pas moins remarqué que c’était un bien charmant cavalier que le jeune sire de Lahonce, — le seigneur du château détruit, — lorsqu’il chevauchait fièrement campé sur son beau coursier navarrais.

De son côté, chaque fois qu’il passait devant la pauvre chaumière, le jeune seigneur, lui, ne manquait jamais non plus d’avoir un regard, non pas pour l’humble masure, mais bien pour le frais et joli minois qui se laissait timidement entrevoir à travers les clématites et les jasmins en fleurs de sa fenêtre. — Chose étrange ! lorsqu’il s’arrêtait sur la belle enfant, ce regard avait une si singulière expression qu’elle ne pouvait s’empêcher de tressaillir et qu’une sorte de fascination effrayante venait tout à la fois lui donner des envies de pleurer sans raisons, des joies sans causes, et des palpitations de cœur à l’étouffer.

Et que fut-ce donc depuis le jour où, l’ayant rencontrée seule, le beau seigneur se hasarda de lui parler ! Dès ce moment, la pauvre enfant ne cessa plus de penser à lui. Pour elle plus de joie, plus de gaieté, plus de charmantes folies. La nuit elle ne dormait pas, ou si parfois la fatigue lui fer-