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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/82

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enfant et voulut le lui effleurer d’un baiser, le mouvement qu’elle essaya de faire pour se défendre et rejeter la tête en arrière, ayant involontairement rapproché leurs lèvres au point que dans leur trouble et leur émotion ce caprice innocent du hasard devint un long et enivrant baiser, elle se suspendit toute frissonnante à son bras en tournant vers lui ses deux grands yeux bleus noyés de volupté. — Et je vous l’assure, il lui parut bien court le chemin qui conduisait à sa demeure, tant elle le parcourut tout entière au charme, nouveau pour elle, de ces entretiens intimes, où l’on s’abîme à deux dans les ineffables harmonies du cœur.

À partir de ce jour, Marguerite, doucement bercée par de confuses espérances et d’enchanteresses paroles, redevint bien portante et fraîche comme une fleur de printemps, comme une rose de mai. On ne peut plus convaincue de l’infaillibilité des promesses de son amant, elle enfanta de ces beaux songes dorés dont les jeunes filles se plaisent à peupler leur avenir avec une juvénile imprévoyance. Toute la journée se passait pour elle à attendre l’heure divine où elle s’en irait, à travers les discrets sentiers, écouter les bienfaisantes paroles de son aimé, tandis qu’à la moindre bouffée de vent, les lilas, les églantiers, les aubépines et les cytises secoueraient sur sa tête leurs neiges de fleurs.