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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/83

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Tout à coup le sire de Lahonce parut triste, puis il tomba dans une sombre mélancolie ; une pâleur mortelle couvrit son front, et ses forces diminuèrent avec une effrayante rapidité. Vainement Marguerite lui demanda-t-elle en pleurant quel était son mal, il se contenta de lui répondre par un sourire douloureux qui déchirait l’âme. Enfin, l’avant-veille de la pleine-lune il ne parut pas. Marguerite, inquiète, courut au château ; elle y trouva tout le monde en larmes.

Le sire de Lahonce était au plus mal.

La mort dans l’âme, elle s’en revint chez sa mère où, durant trois jours, son désespoir fut tel qu’on commençait à craindre pour sa vie, lorsqu’à la grande surprise de tous elle sembla si bien consolée que, si n’eût été la profonde mélancolie empreinte dans tous ses traits et l’effrayante maigreur qui la gagnait chaque jour davantage, chacun l’eût crue complétement guérie.

C’était surtout le matin que Marguerite paraissait plus faible.

Aussi sa pauvre mère, qui n’avait pas manqué de l’observer avec cette rare sagacité qui est le privilége de la sollicitude maternelle, résolut-elle de faire un petit trou à la porte de sa chambre pour s’assurer si sa fille chérie ne se livrait point à des pratiques outrées de dévotion, seules causes de l’al-