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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/85

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bâtre. La vieille mère crut même apercevoir une goutte de sang qui coulait sur ce cou d’ivoire, en s’échappant des lèvres frémissantes du spectre. À cette terrible vision, poussant un cri épouvantable, elle tomba raide morte sur le plancher.

Éveillée au bruit de la chute de sa malheureuse mère, Marguerite accourut à son secours et fut ou ne peut plus surprise de la trouver étendue sans vie derrière sa porte. Elle la releva, la porta dans son lit, lui frotta les tempes avec du vinaigre pour la faire revenir à elle, et crut la pauvre femme devenue folle lorsqu’elle se mit à raconter tout ce qu’elle prétendait avoir vu.

Quinze jours se passèrent.

Au bout de ce temps, un beau soir que Marguerite et sa mère, toutes deux assises au coin du feu, travaillaient silencieusement, elles virent, à leur grande surprise, arriver le sire de Lahonce, un peu pâle à la vérité, mais toujours bien séduisant.

En le voyant entrer, bien qu’elle se dît en elle-même qu’elle avait assurément dû être, l’autre nuit, le jouet d’un songe, la vieille tressaillit involontairement. Quant à Marguerite, elle se retourna vers sa mère avec un regard triomphant qui semblait dire : N’avais-je pas raison de ne vous point croire ?