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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/86

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— Est-ce bien vous, mon doux seigneur ? murmura la première Marguerite.

— Moi-même, mon adorée, moi qui viens te demander en mariage à ta mère pour te faire châtelaine, répondit le jeune homme ; et, se retournant vers la mère de Marguerite, il reprit avec une de ces intonations de voix qu’il savait faire si persuasives et si douces : « Vous ne pouvez me la refuser, bonne Madeleine, car au lieu de la misère qui vous accable, c’est le bonheur que je viens vous offrir. »

La vieille ne répondit rien. Quelque séduisante que fût la proposition du jeune sire de Lahonce, elle hésitait, non pas tant parce qu’il lui en coûtait beaucoup de se séparer de sa fille unique, de celle qui ne l’avait jamais un seul instant quittée depuis la mort de son pauvre Jean-Réné, que parce que — quoi qu’elle fît pour le chasser — le souvenir de la fatale nuit que vous savez lui revenait sans cesse à l’esprit.

— Eh bien ! que décidez-vous ? poursuivit impatiemment le jeune homme.

— En vérité, je ne sais trop, balbutia la mère de Marguerite ; c’est que, voyez-vous, je ne tiens à rien tant qu’à voir ma Marguerite heureuse.

— Craignez-vous donc qu’elle ne le soit point près de moi ?