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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/90

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— Marguerite, dit le sire de Lahonce, tu as des mots qu’aucune grande dame n’a jamais dits, parce que les grandes dames ignorent l’amour ; et passant ses bras autour de la taille de la jeune fille, il l’entraîna doucement dans l’intérieur du château.

Marguerite dormit peu la nuit.

Le lendemain, le mariage fut célébré dans la chapelle sans pompe, sans éclat et sans bruit. Marguerite, encore sous le coup des vagues inquiétudes qui traversaient son ciel bleu comme d’insaisissables nuages, y frappa tous les yeux par sa pâleur de marbre. On sentait qu’un combat intérieur se livrait en elle et qu’elle était en proie à une violente agitation.

Tout s’accomplit néanmoins.

Le soir venu, ce fut en tremblant plus que jamais que Marguerite franchit le seuil de la chambre nuptiale ; involontairement elle se sentait le cœur serré par d’étranges terreurs qu’elle ne s’expliquait pas à elle-même. Tout autour d’elle semblait fait pour la rendre heureuse, et cependant c’était bien plutôt de la tristesse que de la joie qu’elle éprouvait…

Vers minuit, comme elle commençait à s’endormir, un hennissement sourd et un aboiement sinistre montèrent jusqu’à la fenêtre.

Marguerite tressaillit ; son cœur battit bien fort dans sa poitrine.