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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/89

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sa poitrine… ses bras fléchirent… son corps se reploya en arrière… On eût dit une jeune morte attendant qu’on ait fini de creuser la fosse où elle doit reposer.

Son compagnon sentit qu’elle allait tomber ;… il s’élança vers elle et la reçut dans ses bras.

— Qu’on m’apporte un peu d’eau, dit-il à ses gens accourus au-devant de lui ; et il se mit à rafraîchir les joues et le front de la pauvre Marguerite.

Au bout de quelques secondes elle rouvrit les yeux, passa ses mains sur son visage comme pour en écarter la douloureuse vision qui l’avait obsédée durant son évanouissement, et regarda autour d’elle.

— Pardon, mon ami, dit-elle, pardon de t’avoir ainsi effrayé ; mais je ne sais quelles folles terreurs m’ont traversé le cerveau.

— Enfant, reprit le jeune homme, qu’as-tu à craindre près de moi ? Ne sais-tu pas que je t’aime, moi qui n’ai pas craint de te sacrifier tout, rang, fortune, réputation, de tout mettre à tes pieds ?…

— Oh ! parle, parle encore ! exclama la charmante enfant ; parle, le souffle de ta bouche est ma vie, lui seul peut calmer la frayeur qui glace mes os ; répands cette douce rosée sur moi, c’est ta Marguerite, c’est ton esclave qui t’en prie.