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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/92

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Il prit le chemin creux qui menait au cimetière, en franchit le mur, et se glissa près d’une tombe dont la terre fraîchement remuée annonçait une récente victime.

La nuit était pleine d’une désolation profonde. C’était une de ces nuits lugubres et mélancoliques où la lune, noyée dans un gouffre de vapeurs grisâtres, ne laisse entrevoir que de temps à autre ses pâles rayons tremblants au contact de gros nuages humides et lourds. Les arbres, dépouillés de feuilles et nus comme de grands squelettes, criaient sinistrement, fouettés par la rafale. Les vents se débattaient entre eux comme des démons au sabbat. Le sable des chemins mêlait ses craquements plaintifs à ceux des branches mortes éparses de tous côtés. Marguerite eut grand’peur, mais le courage ne l’abandonna pourtant pas, elle se glissa précautionneusement jusqu’à l’entrée du cimetière, et regarda.

Horreur !

Son époux et son affreux chien noir étaient tous deux au bord de la tombe maintenant à découvert, et semblaient manger quelque chose en jetant de côté et d’autre des regards brillants et épouvantables.

Les rayons de la lune tombant sur eux allongeaient leur ombre sur le sol d’une sinistre manière,