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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/108

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À la jeune épicurienne.
Sous ce cristal frappé de tous les feux du ciel,
S’échauffe et fermente le miel ;
Innocente liqueur pour l’homme préparée,
Mais qui donne la mort à la mouche dorée ;
Sa force s’y consume, et sa raison s’y perd.
L’abîme transparent par malheur est ouvert ;
L’imprudente n’y voit qu’un don de la fortune ;
Sa sœur, qui l’en détourne, est presqu’une importune,
Et, malgré ses conseils, elle court s’y plonger :
Quand on veut le bonheur, en voit-on le danger !
« Par quel charme imposteur vous êtes asservie,
« Dit l’autre en soupirant ; vous me faites pitié ;
« Quittez ce doux breuvage, au nom de l’amitié,
« Peut-être, hélas au nom de votre vie !
« Vous ne m’écoutez pas. Je reviendrai ce soir ;
« Ô ma sœur ! le travail est utile à notre âge.
« Puissé-je ne pas voir bientôt, chère volage,
« Ce que je tremble de prévoir. »


Elle retourne aux fleurs avec inquiétude.