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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t2.djvu/119

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doux, que l’exemple sent avait attiré dans ce gouffre.

— Toi, Émile, tu es l’Esquimau, mangeur de poissons et de fruits. Moi ! je suis le chef d’une tribu guerrière ; je passe : l’antropophage veut te manger, je tire une flèche, et je le tue.

— Non ! je ne veux pas que tu me tue ! dit Blondel qui prétendait jouer longtemps. Il faut nous battre ; tu crieras : arrête ! je ne m’arrêterai pas ; Émile tombera ; et pendant que je lui mangerai la tête, pour faire semblant, toi tu feras un cri de guerre, oak ! oak ! et nous nous battrons.

— Hardi ! répliqua l’aîné, et la pièce commença.

Les flèches jouèrent leur rôle ; rôle affreux !

La mort montre un bout de sa faux partout. On dirait que les enfants l’agacent dans leurs jeux pleins d’imprévoyance ;