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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t2.djvu/136

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œufs rouges de Pâques dernières raniment le voyageur épuisé. Il paie sans marchander la somme qu’on lui demande de ces denrées desséchées au soleil, puis il remet, comme l’homme errant de l’écriture, cinq sous dans sa poche. Il croit, comme le juif maudit, que ces cinq sous se renouvelleront : vous allez voir.

Quoiqu’il en soit, il mange les œufs durs et les brioches qui tombent en poussière, et reprend haleine un moment devant une femme à demi-stupide, qui le regarde baigné de sueur et défiguré de poussière, sans s’inquiéter ni d’où vient, ni où va ce petit arpenteur de grand chemin.

— Pour aller chez ma tante, dit-il, c’est-il encore loin ? — Quelle tante ? demande la maîtresse de ce bazar de hameau.

— Ma tante, quoi ! ma tante Dorothée Carbonnel.

— Je ne sais pas ce nom là, repart la