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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/12

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comme des amis nécessaires à notre bonheur et à notre vie morale complète. Nous les voulons hors d’atteinte et nous les enfermons dans une arche sainte, et c’est dans cette solitude que nous les évoquons, que nous les questionnons, que nous appelons leur témoignage. Quelques-uns sont pour nous plus présents, plus réels que les réalités quotidiennes qui ne font que nous effleurer.

La plus grande preuve d’amour qu’un être humain puisse donner, et la plus rare, c’est d’admettre quelqu’un dans l’intimité de ses souvenirs. Tant de confiance et de tendresse sont requises pour introduire une autre âme dans le sanctuaire qui renferme les êtres et les choses que nous aimons par-dessus tout. Ceux qui ont un ami pour qui ils ouvrent toutes grandes les portes de la mémoire où sont gardés tous leurs souvenirs en lui disant : « Je n’ai plus rien de caché pour vous, » ont trouvé le trésor dont parle l’Imitation. Qu’ils le conservent en le bénissant.


IV

Le Roman de la Vieille tante


Il y a quelque chose par où toutes les femmes se ressemblent. C’est qu’elles ont une personnalité double. Si cette dualité se retrouve chez les hommes, elle est moins marquée et moins intéressante. Un homme