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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/151

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fit ironiquement la dame en prenant la bouteille de lait — Pristi oui ! un beau temps, quand même qu’y mouille, je viens de voir un renard en longeant le bois. Un beau renard ! Si je peux le poigner, je vas l’apprivoiser. »

Et reprenant sa chanson, il se sauva en courant à travers le voile que tendait la pluie entre le ciel et la terre noire.

Revenue près du feu, notre amie songeait.

« Comme il est heureux ce petit garçon ! Il va courir après son renard…… que lui importe la pluie ou le soleil ! Mais, pourquoi n’irai-je pas dans le bois, moi aussi ! je verrai peut-être le renard ? »

Malgré les protestations de la vieille Agnès qui n’avait pas foi dans la cure d’air, Madame Larché, bottée, vêtue de son imperméable, coiffée de son chapeau ciré, prit le sentier qui grimpait la montagne.

Elle ne vit pas le renard, bien entendu, pas même le chasseur, mais que de belles choses elle découvrit dans la forêt avec sa belle gaieté retrouvée !

Sur les pins immobiles et solennels, la pluie fine dansait en murmurant des folies, les mousses reverdissaient sous la douche tiède, des arbrisseaux sans feuilles portaient à la pointe de leurs branches brunes une quantité de petits fruits rouges comme du feu. Les saules, ô miracle, se faisaient un printemps à eux tout seuls : satinés, verts, encore feuillus, ils se balançaient auprès des bouleaux d’ar-