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Page:Dessaulles - Lettres de Fadette, cinquième série, 1922.djvu/67

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est possible ! Et parce que ce bon rêve de finir leurs jours dans l’aisance est réalisable4 la vieille, laissant glisser son chapelet, ferme les yeux pour avoir, plus nette, la vision de sa maisonnette restaurée et bien meublée, de son vieux se reposant enfin après une vie pénible d’ouvrier pauvre, et d’elle-même, vivant dans l’aisance, aidée par une servante, et n’ayant plus qu’à tricoter et à soigner ses fleurs…

Le bruit de la porte qui s’ouvre la fait sursauter et elle a un serrement de cœur de mauvais augure. Le vieux entre, enlève son paletot et elle, ne pouvant supporter son silence : — Eh bien ? — Voilà ! Elle est entre quatre planches dans la terre et je ne me plaindrai pas de ne plus la voir, c’te sainte Nitouche-là ! — Dis-moi tout, mon vieux ! je suis toute tremblante, et ça me fait mal d’attendre… — Il la regarda affectueusement et vint s’asseoir près d’elle : — Il y a, ma pauvre Toine, qu’on s’est toujours passé de son maudit argent et qu’il faudra bien s’en passer encore. Madame a légué tout son avoir à l’hospice Saint-Pierre. — Et rien, rien pour nous, pour toi, son frère ?-Pas une piastre ! Comme me l’avait conseillé le docteur, je suis allé voir le notaire, et je peux pas dire autrement, il m’a bien reçu, mais il a été diablement surpris d’apprendre que je suis le propre frère de la défunte ! Paraîtrait qu’elle n’a seulement pas mentionné mon existence. J’ai pas discuté, tu me connais,