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d’attirer l’attention des envieux, ils refont leurs nids dans l’ombre d’une vie retirée et y élèvent leur famille en édifiant une fortune modeste et sûre.

Chez les hommes et chez les bêtes, il existe des êtres de proie cruels et malfaisants, toujours à l’affût pour profiter des erreurs et des imprudences, intriguant toujours pour abuser de la générosité et de la confiance des autres.

Ils sont quelquefois les instruments de leur propre perte et, comme dans le cas de mes petits écureuils, leurs crimes retombent sur la tête de leurs enfants et leur succès apparent est éphémère.

Mes chers lecteurs, quand on flâne dans une solitude agreste, on ne peut guère qu’observer les curieuses petites créatures qui nous entourent et l’on fait des rapprochements dont je m’excuse auprès des grands orgueilleux qui se croient toujours les seigneurs de la Création !


XXXII

Les Œillets de Madame Goderre


Il y avait si longtemps que les commères du village avaient décidé que Joseph Brisard épouserait la veuve Goderre, que l’émotion fut grande, mais non la surprise, en voyant le bonhomme traverser la grand’rue avec un œillet blanc à sa boutonnière. Or,