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Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/55

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n’avez de contrôle que sur ceux qui ne vous gouvernent pas ! »

Et j’ai toujours compris qu’un Américain avait pleinement le droit de me dire : « Quoi, vous êtes pauvres, en Canada ! Vous êtes mal gouvernés ! Votre peuple n’est pas instruit ! Mais il n’a tenu qu’à vous d’être indépendants, et vous ne l’avez pas voulu ! Il n’a tenu qu’à vous de devenir une des parties constituantes de celle de toutes les nations modernes dont l’avenir est le plus éblouissant, et vous avez choisi le servage colonial ! Il n’a tenu qu’à vous de partager notre gloire, notre prospérité, notre grandeur nationale, nos magnifiques et bienfaisantes institutions, et vous avez méprisé tout cela ! Nous vous avons offert de briser vos chaînes, et vous avez combattu pour en conserver les marques, vous vous êtes fait tuer pour les river !  ! »

Voilà, Messieurs, non pas seulement ce que je pensais, mais ce que l’on me disait, ce que l’on me disait souvent, quand je voyageais à l’étranger ! Et je l’avoue en toute humilité, je n’ai jamais cru qu’il fut possible de rien répondre de plausible à ces observations, à ces vérités, à ces reproches !

Car alors, personne n’avait encore trouvé les ingénieuses raisons que l’on a apperçues par hazard, il y a deux ans, dans les recoins des bureaux publics ! Personne encore n’avait troqué sa conscience contre une place de ministre ! Personne encore n’avait renié ses antécédents ; essayé de ridiculiser ces principes fondamentaux de justice politique et de morale publique qui forment la seule règle de l’honneur pour les hommes qui sont au timon des affaires ! On ne sentait pas encore le besoin de déguiser sa honte, et on ne s’était pas encore torturé l’esprit pour la faire envisager comme un mérite de plus !

Enfin personne encore n’avait osé nier l’évidence, contester des faits universellement admis, soutenir que le Canada fût plus libre et aussi prospère que les États-Unis ; personne encore ne s’était mis au-dessus de la raison et par conséquent au-dessous du bon sens !

Supposons que sous le ministère Draper, vous eussiez demandé à n’importe lequel de nos ministres actuels, si l’état colonial n’était pas, de sa nature essentiellement transitoire ;