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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/104

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La volonté n’est, comme nos autres facultés, qu’un résultat de notre organisation ; mais elle a cela de particulier, que nous sommes toujours heureux ou malheureux par elle. Je puis bien avoir une sensation ou un souvenir qui ne me fasse ni peine ni plaisir. Lorsque je porte un jugement, ce qui m’importe, à cause des conséquences qui en résultent, c’est de porter un jugement juste ; du reste il m’est égal de sentir tel rapport ou tel autre ; ni l’un ni l’autre ne me sont par eux-mêmes agréables ou désagréables à sentir. Le desir, au contraire, exclut l’indifférence ; il est de sa nature d’être une jouissance s’il est satisfait, et une souffrance s’il ne l’est pas ; ensorte que nécessairement notre bonheur ou notre malheur en dépendent : et même, si par erreur nous nous avisons de desirer des choses qui nous soient essentiellement nuisibles, c’est-à-dire qui nous conduisent inévitablement à d’autres dont nous voudrions être préservés, il est indispensable que nous soyons malheureux ; car, de quelque côté que la chance tourne, il y a un de nos desirs qui n’est pas satisfait. C’est là une propriété bien remarquable dans la volonté.