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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/105

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Elle en a encore une autre bien incompréhensible et bien importante ; c’est qu’elle dirige les mouvemens de nos membres et les opérations de notre intelligence. L’emploi de nos forces mécaniques et intellectuelles dépend de notre volonté ; ensorte que c’est par elle seule que nous produisons des effets, et que nous sommes une puissance dans le monde. Quand je sens des sensations ou des souvenirs, ce sont des modifications que j’éprouve, elles n’affectent que moi ; quand je porte des jugemens sur ces sensations et ces souvenirs, que j’y sens des rapports, que j’y découvre des vérités, ce sont encore des choses qui se passent en moi, et n’influent que sur moi ; mais quand, par suite de ces jugemens, je ressens des desirs, et qu’en conséquence de ces desirs j’agis, alors j’opère sur tout ce qui m’environne. C’est donc ma volonté qui réduit en actes les résultats de toutes mes autres facultés intellectuelles. Je ne prétends pas dire néanmoins que toutes nos pensées et tous nos mouvemens soient absolument volontaires : je sais que beaucoup ont lieu à notre insu, et même malgré nous ; et j’examinerai quelque part jusqu’à quel point et