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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/108

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vemens de bienfaisance, et le malaise qui nous tourmente quand nous nous reconnaissons travaillés de passions haineuses, bien que l’un et l’autre soit encore ignoré ; car nous voyons très-bien en secret que, si nous venons à être connus, dans le premier cas tous les cœurs viennent à nous, et que dans l’autre nous sommes rebutés par tous nos semblables ; et nous entrevoyons confusément qu’il est impossible qu’un jour ou l’autre nos dispositions ne soient pas aperçues, ou du moins soupçonnées. Aussi tous les hommes bons ont l’habitude et les manières de la candeur et de la sérénité, et les méchans celles de la dissimulation et de la défiance ; mais cela même les fait reconnaître.

Ces observations, et un grand nombre d’autres qui y tiennent, demanderaient à être développées avec beaucoup de détails ; mais cela composerait un traité de morale, c’est-à-dire de l’art de régler nos desirs et nos actions de la manière la plus propre à nous rendre heureux. Ce n’est point ici le lieu d’approfondir un pareil sujet ; je me propose de le traiter quand nous connaîtrons complètement notre faculté de penser