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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/123

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l’idée : néanmoins cette idée me sera très-utile si je veux, par exemple, établir la différence entre les pêches et les abricots ; car alors je n’ai pas besoin de faire attention à toutes les nuances qui différencient les pêches entr’elles et les abricots entr’eux ; je n’ai à considérer que ce qui est commun à toutes les pêches, et ce qui est commun à tous les abricots. Je vois que ces deux groupes d’idées sont différens en certains points, et que par conséquent ces deux classes d’êtres diffèrent constamment à certains égards. Nous traitons ces classes comme des individus, quoique dans le fait il n’existe réellement que des individus isolés, c’est-à-dire qu’il n’y a que des êtres individuels qui nous causent des sensations, et qu’il n’existe nulle part en réalité une telle chose, qu’une classe qui puisse agir directement et immédiatement sur nous.

Cette opération d’abstraire ne nous sert pas seulement à grouper des individus réels pour les ranger par classes, à généraliser leur idée particulière pour en faire une idée commune à plusieurs ; elle nous sert à en faire de même de chacune de leurs qualités, c’est-à-dire de chacune des impressions