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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/124

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qu’ils nous causent et de leurs circonstances. Ainsi, nous sentons successivement que plusieurs choses nous font du bien, nous disons qu’elles sont bonnes. C’est déjà une classification, une généralisation que ces expressions bien et bonnes ; car toutes ces choses ne nous font pas le même bien, ne nous sont pas bonnes de la même manière. Ainsi, ce sont des impressions différentes entr’elles que nous réunissons sous un même point de vue par la ressemblance commune qu’elles ont de nous faire chacune un bien, de nous être chacune ce que nous appelons bonne. Mais nous ne nous en tenons pas là ; de toutes ces choses qui sont bonnes, nous extrayons l’idée de bonté, et nous employons cette idée comme si c’était une chose qui existât indépendamment des êtres dans lesquels elle se trouve ; de tout ce qui est utile, nous extrayons de même l’idée d’utilité ; de ce qui est beau, l’idée de beauté. Ce sont ces termes et ces idées qu’on appelle plus communément termes abstraits, idées abstraites. Effectivement, il y a une abstraction de plus ; mais, à parler rigoureusement, tout nom généralisé, toute idée d’un individu étendue à plusieurs est