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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/126

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Ne nous servons plus ni de l’un ni de l’autre ; ne séparons plus deux opérations intellectuelles qui, dans la pratique, n’ont jamais lieu l’une sans l’autre ; et, sans nous embarrasser de vaines dénominations, rendons-nous compte tout simplement de ce que nous faisons quand nous formons nos idées composées.

Je suppose que j’éprouve pour la première fois la sensation que, dans la suite, j’appellerai le rouge. Si je ne sais ni d’où elle me vient, ni par où elle me vient ; si je ne fais que la sentir sans y mêler aucun jugement, c’est une pure sensation que j’éprouve, c’est une idée simple que j’ai : nécessairement elle est individuelle et particulière.

Si à cette sensation, à cette pure impression, à cette idée simple, je joins la sensation d’un rapport entre un être dont l’existence consiste à me causer cette sensation, et moi, dont l’existence consiste à la sentir, cette idée de rouge n’est déjà plus une idée simple ; elle est composée d’une sensation et d’un jugement ; mais elle est encore individuelle, c’est-à-dire particulière à ce seul fait. Je ne l’ai pas étendue à