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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/127

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toutes les sensations à peu près pareilles que je puis recevoir de différens autres êtres que je ne connais pas encore.

Il en est de même de la saveur et de l’odeur que peut me faire sentir ce même corps. Si je ne fais que les sentir, ce sont des idées simples ; si, de plus, je juge d’où elles me viennent, ce sont des idées composées, mais toujours particulières et pas encore généralisées.

Maintenant, que je réunisse ces trois idées, d’une certaine couleur, d’une certaine saveur, d’une certaine odeur, j’en forme l’idée de l’être qui me les cause ; idée déjà plus composée, mais toujours individuelle et particulière ; car d’autres êtres peuvent être capables de me faire les mêmes impressions, mais je ne les connais pas encore : ainsi je n’ai pas étendu cette idée sur eux. Que je désigne cette idée ou l’être qui me la donne, ce qui est la même chose pour moi, par le mot fraise, ce nom est celui de cette fraise et non des fraises en général, car je ne l’ai pas encore généralisé.

Si je ne connais cette fraise que par ces trois effets, son existence à mon égard n’est composée que de ces trois idées ; elle