Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas ces idées, ou si nous ne les désignons pas distinctement par des noms particuliers, c’est que cela ne nous est pas utile, ou plutôt c’est que les noms particuliers que nous leur avons donnés d’abord, nous les avons étendus à d’autres idées à peu près semblables ; qu’ainsi ils sont devenus communs et généraux, et que nous ne nous sommes pas embarrassés de les remplacer par d’autres qui soient restés particuliers et spéciaux. Mais il n’y a pas un des innombrables rapports que chacun des êtres existans ont avec nous, qui ne pût être la source de trois idées particulières, de trois mots particuliers pour les exprimer.

Ainsi, par exemple, cette fraise a avec moi les rapports de me faire trois effets ; l’un que j’appelle me faire plaisir, l’autre que j’appelle me faire du bien, le troisième que j’appelle me faire ou me rendre service : j’exprime ces trois rapports en disant qu’elle est belle, qu’elle est bonne, qu’elle est utile, et les causes de ces trois rapports, par les mots beauté, bonté, utilité, qui représentent trois propriétés de la fraise, trois des idées qui composent l’idée de cet être. Mais quand j’aurai généralisé les mots plaisir, bien, ser-