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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/131

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vice, qui sont encore l’expression spéciale des effets particuliers de cette fraise sur moi ; quand je les aurai étendus à d’autres effets produits par d’autres êtres, effets qui sont analogues à ceux-ci, mais qui ne sauraient être exactement les mêmes, il ne me reste plus de moyen d’exprimer privativement le plaisir que me fait cette fraise, le bien qu’elle me cause, le service qu’elle me rend ; de dire la manière particulière dont elle est belle, bonne et utile ; de peindre le genre spécial de la beauté, de la bonté, de l’utilité qui lui sont propres. Voilà à quoi nous sommes réduits actuellement que toutes nos idées sont si travaillées, que tous les mots qui les expriment sont si généralisés. Nous n’en avons plus pour exprimer particulièrement chaque chose ; il n’y a plus que les noms propres qui désignent un être à l’exclusion de tout autre. Cependant, vous devez sentir que tant que cette fraise, que j’ai prise pour exemple, est supposée le seul être que j’aie examiné, non-seulement son nom est un nom propre dans la force du terme, mais toutes les idées qu’elle m’a donné occasion de former ont ce même caractère ; elles sont uniques dans leur genre,