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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/137

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ces idées très-composées vont toujours renfermant un plus grand nombre d’individus, ce qui constitue leur extension, mais un moindre nombre de circonstances de chacun d’eux, ce qui constitue leur compréhension ; car quand je dis de Jacques qu’il est un être, je n’en dis qu’une seule chose, c’est qu’il est capable de m’affecter, sans désigner du tout comment ; je dis qu’il existe, et rien de plus ; quand je dis qu’il est un animal, je dis de plus que je lui connais vie et mouvement, qu’il se nourrit, qu’il se reproduit, en un mot, qu’il existe de toutes les manières qui caractérisent un animal ; quand je dis qu’il est homme, je dis de plus que je sais qu’il est fait de telle ou telle manière, qu’il a telle qualité qui m’a frappé ; quand je dis qu’il est Européen, Français, Parisien, j’ajoute toujours quelque chose à l’idée ; et enfin quand je dis qu’il est Jacques, je dis implicitement tout ce que je sais de lui, et même tout ce qui lui appartient, quand même je ne le connaîtrais pas encore ; car je puis fort bien ignorer qu’il est fort, qu’il est aimable, qu’il est malade : mais quand je le saurai, ce sera seulement de nouvelles idées que je devrai ajouter aux nombreuses