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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/141

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de les ajouter, de les retrancher, de les réunir, de les diviser, et d’en former de nouveaux groupes ; et vous ne devez plus être embarrassés de comprendre comment tant de combinaisons si différentes sont le produit du petit nombre de facultés que nous avons distinguées dans notre faculté de penser. C’était le seul but que je me proposais dans ce chapitre : nous pouvons actuellement passer à un autre objet.

Observons seulement, en finissant, que la marche que nous venons de tracer à l’esprit humain dans la formation de nos idées composées, est celle que suivrait nécessairement un homme isolé et sans secours, qui formerait ces idées et leurs signes pour son usage à lui tout seul. Elle est méthodique, mais elle est pénible et lente ; aussi certainement cet homme ne composerait guère d’idées, et son dictionnaire serait fort court. Toute langue un peu riche n’a pu être le résultat que des efforts de beaucoup d’hommes et de bien des générations successives. Mais ce n’est pas par ce chemin que tant d’idées sont entrées dans nos têtes, à nous, jetés dès notre enfance au milieu d’hommes parlant une langue perfectionnée.