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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/142

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Nous n’avons pas créé ces idées, nous les avons reçues ; leurs signes ont d’abord frappé notre oreille pêle-mêle et au hasard, suivant que l’occasion s’en est présentée ; nous n’avons eu qu’à en démêler les significations, et à les classer, en profitant bien ou mal d’expériences multipliées ; c’est sur les mots et d’après les mots que nous avons appris les idées. Cette opération est souvent restée incomplète ; de là bien des erreurs, bien des fausses liaisons, une grande ignorance de l’enchaînement de certains résultats. On n’en sera pas surpris, si l’on songe que dans un petit nombre d’années de notre première enfance, nous mettons dans nos têtes la plus grande partie des idées qui ont été créées depuis l’origine du genre humain. Quand on fait des provisions si précipitées, il est difficile de les bien connaître et de les bien ranger. Mais en voilà assez sur ce chapitre : relisez-le quelquefois pour vous familiariser avec ces combinaisons ; et cependant occupons-nous de chercher comment nous apprenons que les sensations qui nous affectent sont causées par un objet quelconque.