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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/146

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qu’on puisse en douter. Mais, premièrement, cette croyance n’est pas sans exception ; car plusieurs hommes, et de grands hommes, ont pensé et ont soutenu qu’il n’existe réellement rien de semblable à ce que nous appelons des corps, et que quand les corps existeraient, nous n’avons en nous absolument aucuns moyens de les connaître : d’ailleurs, quand même une opinion serait parfaitement universelle, ce ne serait pas encore une preuve sans réplique de sa justesse, car le genre humain tout entier peut fort bien se tromper, et ce ne serait peut-être pas la première fois que cela lui fût arrivé. Il faut donc en revenir à examiner si l’existence des corps est réelle, et comment nous parvenons à la connaître.

Avec un moment d’attention vous pouvez vous apercevoir que non-seulement la solution de cette question ne se présente pas d’elle-même à l’esprit avec évidence, mais encore qu’elle est assez difficile à trouver quand on y pense. En effet vous venez de voir que toutes nos idées composées ne sont autre chose que des combinaisons de nos sensations, de nos souvenirs, de nos jugemens, et de nos desirs. Il est bien évi-