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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/157

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un objet au milieu de la chambre ; je passe la main à l’endroit où cet objet paraît être avec toutes ses formes et toutes ses couleurs, et je m’assure qu’il n’y a rien du tout dans cet endroit. Ce n’est pas ici le moment d’expliquer ces effets ; mais ils suffisent pour prouver qu’un sens qui sur le même être nous fait continuellement des rapports différens, et qui crée souvent pour nous des êtres absolument imaginaires, n’est pas propre à nous assurer de la réalité de ceux qu’il nous montre.

Reste donc les sensations tactiles. Tout le monde convient que ce sont celles-là qui nous donnent des connaissances vraies de l’existence réelle des corps, et que ce sont elles qui nous apprennent ensuite à rapporter à ces mêmes corps les impressions qu’ils font sur nos autres sens, et à nous faire des idées justes de ces rapports : je ne nie pas qu’il n’en soit ainsi ; mais comment cela se fait-il ? C’est ce qui mérite explication.

En effet, il ne paraît pas que les sensations tactiles aient par elles-mêmes aucune prérogative essentielle à leur nature qui les distingue de toutes les autres. Qu’un corps