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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/158

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affecte les nerfs cachés sous la peau de ma main, ou qu’il produise certains ébranlemens sur ceux répandus dans les membranes de mon palais, de mon nez, de mon œil, ou de mon oreille ; dans les deux cas c’est une pure impression que je reçois, c’est une simple affection que j’éprouve ; et l’on ne voit point de raison de croire que l’une soit plus instructive que l’autre, que l’une soit plus propre que l’autre à me faire porter le jugement qu’elle me vient d’un être étranger à moi. Pourquoi le simple sentiment d’une piqûre, d’une brûlure, d’un chatouillement, d’une pression quelconque me donnerait-il plus de connaissance de sa cause que celui d’une couleur, ou d’un son, ou d’une douleur interne ? Il n’y a nul motif de le penser. Tant que nous sommes immobiles, que nous n’agissons pas nous-mêmes, que nous ne faisons que recevoir passivement les impressions qui surviennent, celles qui affectent notre tact ne nous éclairent pas plus que les autres. Voilà donc encore le toucher passif reconnu aussi incapable que les autres sens de nous faire soupçonner l’existence des corps.

Au premier aperçu, on sent confusément