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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/199

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point, qu’une vertu résistante, je me suis servi de deux mots abstraits que nous sommes habitués à employer comme des êtres réels, afin de rendre ma pensée presque sensible. J’ai voulu rendre manifeste que nous sentions uniquement que nous avions une volonté et que quelque chose lui résistait, et que nous ne savions rien de plus ; mais je n’ai pas prétendu établir que nous crussions être un point mathématique, ni que nous nous fissions une idée d’une vertu quelconque existante sans appartenir à aucun être : cela est impossible. C’est pourquoi, en même-temps que nous découvrons la propriété d’être étendu dans ce qui résiste à notre volonté, nous la découvrons dans notre moi qui sent ; il s’étend et se répand, pour ainsi dire, dans toutes les parties par lesquelles il sent et qui se meuvent à son gré. Nous apprenons l’étendue de notre corps comme celle des autres corps, et nous la circonscrivons par les mêmes moyens. Il est même vraisemblable que c’est la première dont nous nous apercevons ; car le corps qui nous appartient ne diffère des autres, à notre égard, qu’en ce que c’est par lui que nous sentons ; du reste, il fait comme