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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/198

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connue ; c’est une nouvelle propriété des corps dépendante de leur résistance au mouvement, de leur existence par rapport à nous. Elle en est une conséquence si immédiate, que, quand une fois nous la connaissons, nous ne pouvons plus concevoir rien qui en soit totalement privé. Nous pouvons bien supposer qu’un corps est excessivement petit, admettre que son étendue est réduite autant que possible, même jusqu’au point d’être imperceptible à nos sens ; mais nous ne pouvons l’imaginer absolument nulle, sans anéantir le corps lui-même. Jamais aucun être humain ne comprendra réellement comment existerait un être qui n’existerait nulle part et n’aurait point de parties. C’est s’abuser soi-même que de se persuader qu’on comprend pareille chose ; j’en appelle à la conscience intime de tous ceux qui scruteront de bonne foi leur propre intelligence.

Aussi quand j’ai dit que tant que nous ne faisons que sentir sans agir, nous ne nous paraissons à nous-mêmes qu’un point, qu’une vertu sentante, et que, quand nous sentons résistance à notre volonté, l’être qui s’y oppose ne nous semble d’abord qu’un