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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/201

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n’est cependant véritablement qu’une idée abstraite dont nous sommes dupes. Voyons comment nous la composons, c’est le seul moyen de la connaître et de faire qu’elle ne nous égare plus, car toute illusion disparaît quand on se comprend.

Je fais une certaine quantité de mouvement pour arriver d’un point d’un corps à d’autres points du même corps, je dis que ce corps est étendu. Que l’on ôte ce corps, il me faudra toujours la même quantité de mouvement pour aller du lieu où était un de ces points matériels à ceux où étaient les autres ; je dirai qu’il y a la même étendue, le même espace entr’eux ; seulement, comme je puis me mouvoir en tout sens dans cet espace, ce que je ne pouvais faire avant, j’ajouterai que cet espace est vide au lieu d’être plein, comme je dis d’un coffre qu’il est plein ou vide suivant qu’il y a dedans quelque chose ou rien. Mais un coffre consiste dans les parois qui le composent, indépendamment de ce qu’il renferme, et l’espace n’a point de parois. Or, qu’on me dise ce que c’est qu’un coffre vide qui n’a point de parois, si ce n’est le néant absolu. Aussi avons-nous vu que tant que nous nous mouvons